lundi 10 mars 2008

Une tempête pas comme les autres!

Je dois mettre par écrit la plus terrible expérience de toute ma vie... 1h30 de folie, de peur, d'angoisse... Un cauchemar éveillé...

Samedi soir, nous avons vécu au Canada la pire tempête de toute mon existence. Étant toujours au travail à 22h30 et n'ayant pas apporté de sac de couchage ou autre avec moi, j'ai décidé de rentrer chez moi dormir malgré la tempête qui s'abattait sur nous. Il n'y avait qu'environ 25 kilomètres qui me séparaient de la maison... 2 autres personnes ont également décidé de prendre leur voiture et de rentrer chez elles... Mais voilà... juste pour sortir de la cour du camp, nous avons dû galérer et PELLETER et pousser pendant près d'une heure pour sortir les 3 voitures des bancs de neige... et nous étions 7 personnes. Comme la route devant le camp semblait praticable, j'ai décidé de me lancer... Tout allait relativement bien pour les premiers 10 kilomètres. La visibilité était presque nulle, mais il n'y avait pas trop de neige sur la route, ce qui faisait que ma vieille Jetta s'en tirait très bien. Rendue à mi-chemin, aux feux de circulation de l'autoroute, j'ai vu que l'autre partie de l'autoroute était barrée... J'ai trouvé ça étrange, mais comme je voyais très bien les traces récentes de la charrue qui avait dégagée la route pour me rendre chez moi, j'ai décidé de poursuivre ma route. J'ai traversé le village et la route me semblait étonnement facile! Mais voilà, j'ai dû tourner sur le chemin de campagne me menant jusqu'à la maison... Après quelques 200 mètres, dès la première courbe, j'ai su que j'avais commis une erreur. Je ne vois plus rien. Rien... C'est le vide total. La neige et la glace tombe en rafale, le vent souffle très fort... impossible de savoir où je suis, où est la route... Tout ce que j'aperçois est un mur de flocons de neige mélangés à de grosses boulettes de glace. La terre se déchaîne. J'étais même incapable de voir les quelques maisons sur mon chemin tellement la visibilité est nulle. Je roule 20km/h... parfois moins... Parfois je fonce directement dans un mur de neige... je dois faire marche arrière, descendre de la voiture et essayer à tatons à mains nues dans la neige de trouver un chemin. À plusieurs reprises, je dois m'arrêter afin de déglacer ma vitre... malgré que mon chauffage de voiture fonctionne à plein régime. J'essaie de faire marche arrière, de retourner sur mon chemin... mais il est impossible... je me suis engouffrée dans ce qui me semble un étroit corridor de neige qui fait souvent près d'un mètre de hauteur... parfois plus... rendant impossible quelconques manoeuvres pour retourner sur mon chemin. À plusieurs occasions, j'ai foncé dans des lames de neige importante, perdant ainsi momentanément le contrôle de ma Jetta... Je sors à l'extérieur pour mieux y voir... rien à faire. Même à l'extérieur, j'ai peine à voir à un mètre devant... Je suis perdue. À tout moment, je risque de m'enliser profondément dans un mur de neige ou pire, dans un fossé... Et je risque d'y passer la nuit. Mon coeur bat à 200 coups à la minute, j'ai de la difficulté à respirer, la panique m'envahit... Non, surtout, je dois garder mon calme. Ce n'est pas le temps de s'affoler. Se concentrer. Garder le contrôle. Respirer. Ça va aller. J'aperçois soudain enfin les lumières de la station service à environ 2 kilomètres de chez moi. Youppi! Je suis sauvée. Je vois enfin la lumière au bout du tunnel.

Je ne suis qu'à quelques minutes de chez moi. Je traverse le village, je parviens enfin au croisement de ma rue... Je ne suis plus qu'à 1 km. J'arrive. Je mets les gaz à fond, déterminer à me rendre à la maison et à affronter les amoncellements de neige. Plus que 700 mètres... puis 600... puis... vlan! Droit dans une lame de neige immensément longue. Je dois avoir au moins 35 mètres de longueur à pelleter afin de me sortir de cette impasse... Au diable les lames de neige! Je me suis rendue jusqu'ici, je vais me rendre à la maison. Je rembarque dans ma Jetta, je fais marche arrière et je mets les gaz à fond... 3000 tours/minute... 4000... 5000... ça chauffe.... 6000... juste au cas où... Rien à faire. Je dois sortir la pelle et prendre mon mal en patience. Je commence donc frénétiquement à déneiger la chausser. Chaque 5 minutes, je dois avancer ma voiture pour éviter que la neige ne se raccumule pas de nouveau... Il est maintenant près de 1h30 du matin. Ça fait plus de 30 minutes que je pellete... Personne à l'horizon. Pas le moindre signe de vie. À bout de souffle et de force, déshydratée et complètement gelée, je prends donc mon portable et j'appelle Pascal pour qu'il vienne me rejoindre et m'aide à déprendre mon auto de ce banc de neige. Il ne reste qu'environ 10 mètres, mais j'en suis incapable... Environ 30 minutes plus tard, il apparaît enfin. Je m'écroule. Je pleure. J'abandonne. Pascal est calme, paisible... seulement heureux d'avoir enfin de mes nouvelles et de me voir en vie... semblant même amusé de la situation. La vie est si simple avec lui. Pas de reproches... je le réveille à 1h30 du matin afin qu'il me rejoigne dans le pire blizzard des 35 dernières années pour pelleter car j'ai été folle et insouciante de me lancer dans une telle tempête... et il sourit de me retrouver saine et sauve. Quel réconfort! Quelques coups de pelle plus tard, je parviens à me dégager de ce banc de neige et je gare ma voiture dans l'entrée la plus proche. Par miracle, l'entrée est dégagée. Il ne me reste qu'à franchir à pied les 500 mètres qui me séparent de la maison.

J'avance péniblement dans ce blizzard... nous franchissons des lames de neige de près d'un mètre à certains endroits. De toute évidence, aucun moyen de transport ne peut atteindre ma maison... si ce n'est qu'un skidoo ou un cheval! Et encore! Il est près de 3h00 du matin. Je n'ai jamais été si heureuse de rentrer à la maison. Je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie. Plus jamais j'affronterai une telle tempête en auto. Plus jamais. C'était de la folie... d'autant plus que ce déplacement n'était absolument pas nécessaire.

Au réveil, la route n'était toujours pas déblayée. Il a fallu attendre jusqu'à 15h30 avant de voir apparaître la charrue... s'enliser dans un banc de neige qui faisait plus de 6 à 7 pieds de hauteur. Dans la rue, c'était presqu'irréel. Tous les voisins étaient sortis et discutaient et pelletaient. Il reignait une sorte de folie, d'ébahissement devant toute cette neige. Les plus vieux affirmaient qu'ils n'avaient jamais vu une telle tempête, si ce n'est qu'une fois dans les jeunes années 70... Partout, les tracteurs et les souffleurs étaient à l'oeuvre! Bref, ce fut toute une expérience... que plus jamais je ne répéterai!

Si dans la vie il ne faut pas avoir de regrets, je considère tout de même qu'il est important d'apprendre de ses expériences... et de ne plus répéter celles qui auraient facilement pu tourner au drame!