mardi 13 mars 2007

Revenue au Canada...

Ça y est... Mon périple est terminé. Je suis de retour à la maison, avec mes chiens, ma douche à l'eau chaude, ma bouffe, mes chevaux, ma petite vie tranquille... Oulala... 3 semaines d'aventures, d'expériences, de péripéties... La vie est un sport dangereux... Mais voyager en Inde en ayant à sa charge une fille de 16 ans allergique aux noix, poulet et autres, qui vit autant de difficultés personnelles et interpersonnelles, tout en se mettant en danger à chaque instant... ça c'est un sport extrême! J'exagère peut-être... non, pas vraiment en fait!! Nous avons voyagé et restée éveillée pendant plus de 50 heures... Le premier trajet entre Delhi et Frankfurt s'est super bien passé car j'ai dormi presque tout le temps et c'était dans un gros avion spacieux pas de turbulences. Ensuite... 5 heures d'attente interminables à Frankfurt! Et le pire était à venir... Dans l'avion entre Frankfurt et Montréal, c'est 8 heures 15 minutes de vol... Mais quand tu es assise à côté d'une madame qui vomit déjà avant même que l'avion soit décollée et qui continuera à être malade jusqu'à destination finale et qui a un enfant de 2 ans dont elle ne peut s'occuper qui crie et court partout... C'est infernal!!! À chaque fois que je la voyais se saisir d'un nouveau petit sac qu'elle plaçait à sa bouche... le coeur me levait! Oh my god! Pis le trajet entre Montréal et Québec était dans un minuscule avion de 37 passagers très exactement... mais j'étais tellement contente de le prendre car il annonçait la fin de mon voyage... le retour chez moi...

Je ne sais trop quoi penser... Je me suis tellement donnée dans cette histoire que mes sentiments sont très confus... J'ai tout donné pour cette fille. Je l'ai acceptée telle qu'elle était, j'ai fait toutes les villes qu'elle voulait visiter alors que normalement je me tiens dans la campagne, j'ai souvent mis ma propre sécurité en danger pour la sortir du pétrin... Je me suis endettée pour lui permettre d'être plus confortable en voyage en pensant que ça allait l'aider à passer au travers... Et vous savez ce qui m'attriste le plus? Sabrina ne m'a jamais addressé un seul un seul mini mini mini merci... Jamais. Non, jamais elle ne m'a dit merci. Peut-être que j'avais trop d'attentes... Peut-être trop d'espérances. Je ne sais trop. J'ai sacrifié tout un voyage, tout mon plaisir pour elle. Je me suis endettée, j'ai travaillé sans relâche pendant 5 semaines avant notre départ... j'ai été la rencontrer chaque semaine à Québec. Elle n'a jamais eu à lever le petit doigt pour préparer son voyage... pas même en voyage. J'ai tout assuré. Tout tout tout... J'ai passé mon temps à éteindre des feux, à la libérer des gens qui la harcelaient, à ramasser derrière elle, à la sortir du trouble, à traduire, ... Je ne sais plus... Je ne sais trop. C'est difficile à accepter. La pilule est grosse à avaler. Je suis peut-être égoïste en parlant ainsi... Peut-être je veux trop... Mais en même temps, je ne connais pas personne dans mon entourage qui aurait fait ce que j'ai fait. Personne... En fait, personne même dans l'entourage de Sabrina avait accepté initialement de partir avec elle. (Exceptée Anne, mais qui n'a pas pu y aller pour des raisons de santé) Personne dans son entourage... J'aurais bien dû me douter que quelque chose clochait. J'aurais dû me douter que son long silence et son absence d'implication avant le départ cachait quelque chose de louche. Mais mon grand coeur et ma naïveté m'auront pousser à vouloir aider cette fille à réaliser son rêve... Mais maudit... Est-ce si égoïste que ça ou si exagérée que d'avoir espéré quelques minutes de plaisir et de bonheur dans ce voyage? Est-ce avoir trop demandé que tant qu'à me payer un voyage de 2000$, j'aurais aimé en profiter un peu aussi? Est-ce si irréaliste de croire que oui, je suis déçue. Oui, je pleure aujourd'hui en constatant à quel point je me suis investie dans ce voyage et de constater que les résultats sont une fille qui a souffert tout le long (en fait, 2 filles puisque moi aussi je souffrais dans un autre sens), qui ne m'a jamais remercié, mon compte en banque vide et même dans le rouge pour un voyage dont j'ai profité qu'à peu près 1%... Est-ce si anormale de me sentir ainsi? Est-ce si anormale d'être triste d'avoir travaillé près d'un an sans relâche pour me payer ce maudit voyage et de n'avoir pas pu en tirer ma part. Est-ce vraiment égoïste ou simplement humain? On aura beau me dire que c'est beau, bon, généreux de ma part ce que j'ai fait... mais je n'arrive pas à me le rentrer complètement dans la tête...

D'un côté, je me dis que personne ne savait comment Sabrina allait réagir en Inde... donc on prenait chacun des risques. Anne prenait le risque de me confier sa fille, et moi je prenais le risque de rencontrer des difficultés avec Sabrina. Mais en fait... c'était un peu illusoire mon affaire... Je savais que j'étais une fille responsable, que je prendrais mon rôle très à coeur... En fait, il n'y a que moi qui paye pour le risque. Sabrina a fait le voyage de sa vie... même si en même temps ça ne s'est pas passé comme elle l'avait prévu, elle a quand même fait le voyage de sa vie... En fait c'est un grand voyage intérieur... Celui qui lui permettra de grandir et s'épanouir encore plus par la suite... Pour moi... c'est un an de travail et d'économies, c'est 2 mois de ma vie que je lui ai entièrement consacré, c'est renoncé à ma propre joie, à ma propre vie pendant 3 semaines, m'abandonner complètement pour elle, subir ses excès d'humeur, m'occuper d'elle comme si elle était ma meilleure amie, ma soeur, ma propre fille presque, l'aimer comme elle est, en essuyant chaque fois ses nouveaux faux pas, ses maladresses, ... C'est si difficile. Tellement difficile... Et puis d'un autre côté, Anne me dit qu'on ne pouvait pas le savoir avant le départ, qu'on a toutes prises le risque... Mais quel risque a-t-elle prise? Hein? Quel risque? J'ai assuré la sécurité et le bien-être de sa fille... complètement. Je me suis dévouée à elle. En contre partie... c'est moi qui a assumé tous les risques du départ... Aucun accident n'est arrivé à sa fille, j'ai constamment veillé sur elle comme je l'avais promis. Toutefois, Sabrina m'avait promis d'être cool en Inde... Elle était si excitée à l'idée de faire ce voyage. C'est tout moi qui a pris les risques plein la gueule... Les risques pour ma sécurité, les risques de me faire poursuivre s'il lui arrivait malheur en Inde (risque qui était finalement très élevé compte tenu de son comportement et ses oublis), risque d'engloutir tout mon argent pour un voyage qui tournerait finalement à jouer le rôle de domestique, de thérapeutre, de guide... Fréquemment, j'avais l'impression d'avoir une enfant de 5 ans avec moi. Vous aurez sans doute de la misère à me croire... Mais aucun d'entre vous n'était présent lors de ce voyage... Rare sont ceux qui ont fait ce sacrifice pour une pure inconnue... C'est facile après coup de venir me dire que c'était évident que ce voyage allait tourner au vinaigre pour moi... Que dans le fond, c'était moi la naïve, le trop bon coeur... C'est facile de le dire après coup... Pourtant, je voulais tellement bien faire... et je voulais en même temps découvrir l'Inde... Hier soir, en discutant avec Pascal, il me posait diverses questions sur l'Inde... puis soudainement, j'ai pris conscience que je ne pouvais répondre qu'à très peu d'entre elles... alors que normalement, je connais beaucoup mieux un pays lorsque je l'ai visité... Ça m'a encore plus frappée de plein fouet... Ça m'a fait terriblement mal... Mal de constater à quel point mon sacrifice avait été grand... Mal de constater que j'avais eu la chance de me rendre en Inde... mais que c'était un perpétuel lèche-vitrine... un agace sens... Partout je voyais la richesse s'étendre autour de moi... mais je ne pouvais y accéder... La richesse d'un milliard d'humains... la richesse de milliers d'années de culture... la richesse des gens... la richesse des montagnes, des plaines, ... De la fenêtre du train, je pouvais apercevoir tous ces villageois travailler sur leur terre, en communauté... en famille... que j'aurais aimé aller les rencontrer... Mais Sabrina ne voulait absolument pas aller dans la campagne... Pourtant, au départ il avait été entendu que le voyage devait être fait en fonction des goûts de nous 2 et que chacune devrait faire des concessions... Mais les concessions, c'est moi qui les a faites. C'est moi moi et moi. Ce n'est pas juste et équitable ça. Ce n'est pas l'entente initiale. En fait, j'étais supposée faire un voyage qui me plaît tout en amenant avec moi un jeune fille et en assurant sa sécurité. Moi j'ai rempli ma part. Moi j'ai tenu promesse. Moi j'ai respecté mon engagement. J'ai l'émotion à fleur de peau. D'un côté, je comprends... de l'autre, j'ai juste envie de crier à l'injustice, j'ai envie de frapper, de gueuler, ... J'ai mal. J'ai terriblement mal. Malgré que je sais que ce voyage aura aidé Sabrina, je me sens trahie, trompée, flouée. Ce n'est vraiment pas ce qui avait été entendu au départ. Jamais je n'aurais payé pour faire un tel geste. Oui, j'aurais donné de mon temps... Et ça m'aurait fait plaisir que mon temps et mon expérience servent à quelqu'un qui en avait besoin. Mais jamais je n'aurais flambé toutes mes économies en plus de m'endetter... Jamais dans 100 ans... Jamais au grand jamais. Jamais je n'aurais payé pour un tel voyage. Jamais. Avec tout cet argent, j'aurais pu me payer 3 voyages de rêve... J'aurais pu vraiment en profiter. Là j'ai plus l'impression qu'on m'a volée, qu'on m'a dépouillée, qu'on m'a trahie. Je sais que ce n'est pas le cas, mais c'est ainsi que je me sens... Sur ce, c'est assez la déprime... J'ai trop de rage à exprimer. Je ne suis plus moi même. Je ne me reconnais plus. En espérant que Pascal obtienne ses vacances vendredi pour que nous puissions nous envoler vers le Sud pour me faire oublier un peu ces 3 dernières semaines...

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Bonjour Geneviève, ce soir, je vais essayer tant bien que mal de m'exprimer dans des mots que je dis normalement mais qui doivent être écrits et bien compris par une fille qui exprime une douleur, une frustration ou encore une déception.

Avec le temps, on doit admettre que les gens sont ce qu'ils sont et qu'ils ne changerons pas. Ils doivent évoluer dans un monde qui change mais eux ne changent pas.

Dans le cas de ton voyage avec Sabrina, je crois que tu as peut-être fait l'un des plus beaux voyages que tu pouvais faire. La déception vient de l'écart entre ton attente et celles d'une jeune fille de 16 ans qui est comme elle est et toi, comme tu es.

Mais, il faut que tu te recentres sur ce que tu as vu et vécu. Quelles sont les merveilleuses choses que tu as vu? Est-ce la pollution, la pauvreté, la saleté, la maladie, un pays en développement anarchique? Il y a sûrement d'autres choses que tu as regardé mais pas encore vu!

Ton endettement n'est rien. Car, c'est comme une accident sans blessure, ce n'est que de la tôle, pas plus!! Tu es en santé, tu as un chum qui t'aime, deux magnifiques chiens, un cheval standarbred ainsi qu'une magnifique maison de campagne où l'air est pur et remplie d'odeurs de la nature et de gens qui y ont vécu pour être heureux comme toi. De plus, tu as tes parents, un frère, des mon-oncles et ma-tantes, des cousins et cousines, des grands-parents qui suivent des péripéties dans le monde. Pour Sabrina, elle vit et vivra également de belles choses dans le futur.

Alors, comme je dis aux autres depuis quelque temps, «Quelle belle journée!» et pour compléter, je me dis que «Celui qui va me la gacher, n'est pas encore né!» (En passant, c'est pas toujours facile!! Ah! Ah!).

Comme tu peux le constater, les mots peuvent se dire et s'écrire.

J'ai hâte de découvrir l'Inde à l'aide de tes commentaires, tes récits et photos.

À bientôt!

Michel

Anonyme a dit...

Namaste!
Je viens de lire ton blog, très sympa. Je crois que tu as bien accroché à ce pays. Et beaucoup de gens reviennent pour y decouvrir une nouvelle facette à chaque fois.
Je ne pense pas non plus que ton experience soit gachée. On ne peut pas vouloir à quelqu'un d'etre sensible et des fois on vieillit de 10 ans en quelques mois. Je pense que ton amie reviendra. Ces voyages sont formateurs.
Christophe.